samedi 14 juin 2008

De Campra à Mozart via Marconi, d'Essen à Paris





Que de voyages musicaux !

Du baroque français de Campra, Rameau et Charpentier, d'Essen, à la Basilique Saint-Denis et au Palais de la Musique de Strasbourg, avec les Talens lyriques dirigés par Christophe Rousset coïncidant avec la dernière tournée du régisseur hors catégorie Gilles, qui par son énergie débordante, sait inventer, motiver, stimuler, rire sans jamais s'lasser... Du bonheur pour ce genre de périple ! Puis pause amicale au bord de l'Ile en compagnie de ma très chère Lara dans une étape pas facile mais néanmoins sereine. La cathédrale de Strasbourg valait le détour !

Plongée tangoifiante aux confins de l'énergie réjouissante d'un duo de choc : César Salgán au piano avec Esteban Falabella à la guitare dans une improvisation jubilatoire pour eux comme pour le public. Du grand art ! Sur la grande scène du Théâtre National de Chaillot qui voit son 4ème et sans doute dernier Festival Buenos Aires Tango.

Et si l'orchestre-Ecole Emilio Balcarce est désormais dirigée de main de maître par Nestor Marconi, avec du tango très écrit et bien interprété (mention spéciale à Ramiro Gallo au violon et à Federico Pereiro au bandonéon avec ses doigts élastiques), c'est le vétéran Juan Carlos Godoy qui nous émeut, presqu'aux larmes de sa voix chargée d'une vie entière à chanter ses puissantes paroles.

Les blessures se referment désormais avec Mozart et ses vêpres solennelles d'un confesseur dont nous verrons le couronnement lundi et mardi prochain à la Basilique Saint-Denis. Après que Joël Suhubiette ait "préparé" le choeur, c'est au tour de John Nelson de s'en charger puis de relier les éléments avec l'Ensemble Orchestral de Paris.

Je nage allègrement dans le milieu musical et ses soubassements puisque je m'occupe des cuisines, de ce qu'on ne voit pas, avant d'arriver à la consécration qu'est le concert.
Hier soir encore, à Chaillot, j'ai pu interviewer de nouveau la jeune bandonéoniste Lucía Ramirez avec laquelle nous avons eu une discussion fort intéressante sur l'avenir des bandonéons pendant que Christophe Abramowitz a photographié le concert depuis les coulisses mais également, à la demande du chef du cabinet du Ministère de la culture de la ville de Buenos Aires, le bal au foyer. Cela l'aidera-t-il à ce que ses photos soient exposées prochainement à Buenos Aires ? Nous rajouterons une couche mercredi à la Salle Pleyel auprès de Gustavo Mozzi.

Ana di Toro me réjouit de sa bonne humeur, petit bout de femme passionnée de Butô, qui m'a apporté le livre Milongas d'Eduardo Cozarinski et le dernier numéro de Tangauta avec une interview de Dino Saluzzi ! Une façon d'être toujours el corazón mirando al Sur...

Et puis, et puis, j'ai emprunté un bandonéon, un doble A semi-nacarado qui a une réponse et des attaques qui m'enchantent : je peux donc faire des marcati et des syncopes qui sonnent... Du coup, je trouve mon bandonéon, laissé en rade à Toulouse, un peu bourru et rond... Il doit me ressembler un peu... Celui-ci est plus "nerveux"... Mais je le rends ce soir. Au moins, n'aurais-je pas complètement perdu l'apprentissage du clavier et quelques réflexes acquis, à la légère.

Evidemment à Chaillot, j'ai croisé la faune tanguera que je ne vois plus guère qu'une fois par an et encore. Je me sens faisant partie et en même temps à côté de ce monde. L'abordant curieusement, avec autant de passion que de détachement. Curieux mélange...
Et puis j'ai croisé, de loin, hellé par la voix, Ariel Goldenberg, le directeur l'avant-dernier jour de sa fonction. Il était fatigué, allait se coucher... Sa silhouette ronde s'éloignant dans l'ombre des coulisses, de l'autre côté de la scène... Grand bonhomme.

Malgré une certaine détermination, toujours un réserve et une certaine timidité qui font que je ne suis pas parvenue à interviewer d'autres personnes, même si j'en ai salué beaucoup. Et comme la vie me donne une deuxième chance ce soir, où je dois faire une passation de bandonéon à Victor Villena, j'espère pouvoir parler à Federico Pereiro dont la vision des doigts hyperlaxes d'hier me permettrait un sujet de conversation. J'ai tellement parlé que je n'ai pas vu tout le monde, et je regrette de n'avoir fait que papoter quelques minutes avec Jean-Luc Thomas, sans le retrouver...et de n'avoir pu écouter le quintet La Bordona qui jouait pour les danseurs.

Mes chaussures à talons sont restées dans mon sac, silencieuses. Elles n'auront pas touché le sol de ce foyer de Chaillot, face à la tour Eiffel illuminée. On se laisse encore séduire par ses scintillements. C'est le Paris magique et rêvé.

J'en oubliais les danseurs ! Au delà, d'une technique parfaite et d'une créativité indéniable, il me manque souvent la présence sur scène, au delà des brillantes et savantes torsions. Céline Ruiz y réussit - selon moi - mieux que les autres. Finalement cette fameuse présence, elle fait toute la différence. Sinon ça reste un beau gâteau qu'on ne peut pas manger par peur de l'abîmer.

Malgré le rythme infernal et quelques retards de sommeil qui font grincer quelques neurones à l'épreuve des épreuves (une soprane a été hospitalisée d'urgence et il a fallu faire place à quelques remplacements de dernière minute), me voici bien contente de partager également, avec les chanteurs du choeur des éléments, leurs propres échappées dans ces moments de libertés, entre deux répétitions, entre deux concerts.

Finalement, au delà des petits accrochages et inquiétudes du moment, ce qui reste, ce sont bien le partage de la musique ou des points de vue. Y'a que ça de vrai !

Le reste, je le laisse à d'autres...

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