" Mon enfance, est-ce toi ? Y a-t-il assez d'horizons derrière moi pour qu'il me faille prendre soin de ce que tu as été ?
Et toi, mémoire, que veux-tu que je fasse de ce petit peu que tu m'accordes quand tu ne fais pas la sourde, l'aveugle, ou même la rancunière, quand tu ne me disperses pas à tous les vents ? Ici tu me livres un nez et des oreilles, tu m'interdis la bouche et le front. Et ces yeux, de quelle couleur étaient-ils ? Et cette voix, chantait-elle vraiment ainsi ? Là, tu avoues une tête et me refuses les mains et tout le reste. Ou bien tu m'obliges à saluer dans la rue des inconnus interloqués. Comment faire dans ces ténèbres ? En avant et à tâtons !"
Et toi, mémoire, que veux-tu que je fasse de ce petit peu que tu m'accordes quand tu ne fais pas la sourde, l'aveugle, ou même la rancunière, quand tu ne me disperses pas à tous les vents ? Ici tu me livres un nez et des oreilles, tu m'interdis la bouche et le front. Et ces yeux, de quelle couleur étaient-ils ? Et cette voix, chantait-elle vraiment ainsi ? Là, tu avoues une tête et me refuses les mains et tout le reste. Ou bien tu m'obliges à saluer dans la rue des inconnus interloqués. Comment faire dans ces ténèbres ? En avant et à tâtons !"
Jules Supervielle (1884-1960) in Uruguay
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