mardi 17 novembre 2009

A San Telmo, série de concerts avec Christian










Jeudi matin (le 12/11), je me prépare et puis déménage vers 15h finalement, après le retour de Christian d'un cours, ayant un mal de chien à trouver un taxi (à arrêter un taxi en fait) avec mon énorme valise rouge, qui pèse encore plus qu'avant... Je pose mes affaires dans la petite chambre aux futons. Nous prenons le métro dans lequel on ne peut pas se parler tellement c'est bruyant, jusqu'à l'Abasto. Nous dînons au Símbolo et allons ensuite passer notre soirée au Vinilo Café, qui présente tous les jeudis le cycle Tango contempo. Et ce soir, c'est Paris qui est à l'honneur, avec mon très cher Gerardo di Giusto puis Matias Gonzalez en quintet. Le poète Raimundo Rosales est déjà là, puis le bandonéoniste Marcelo Nisinman nous rejoint. Viennent se joindre à nous deux hommes dont un est Raul Luzzi et l'autre me parlera beaucoup. Trop.
Raimundo dit que je suis sociable. Et oui ! Il aime beaucoup Di Giusto, tout comme Christian. Je ne sais pas ce qu'en a pensé Marcelo, trop loin de moi et occupé avec Luzzi.

Je n'ai pas trop apprécié le quintet de Matias et Christian a détesté, nous discutons longuement avec Gerardo, une fois partis Raimundo et Marcelo. Ca me fait plaisir que Christian apprécie presqu'autant que moi Gerardo, son jeu, sa façon d'être. Je n'aurais pas l'énergie ou le culot d'aller saluer Lautaro Greco qui a joué le piano ce soir. Mais par contre je saluerai et discuterai avec Esteban Falabella qui part avec sa copine ensuite.
Nous partagerons un taxi et Gerardo part dormir, bien qu'il joue demain à 13h puis repart vers Salta... Il m'a dit dans le taxi qu'à chaque fois qu'il jouait en piano solo, il ne savait pas pourquoi mais il pensait à moi, peut-être parce qu'on avait beaucoup parlé ensemble de cela avant... Je n'en reviens pas. Nous avons vraiment un bel échange. Je l'aime énormément, sincèrement.

Vendredi 13 : n'ayons peur de rien ! La cohabitation s'installe en bonne humeur et attaques en règle. Je pars vers le Paseo Colon retrouver Samanta Crespo, l'agent d'Alfredo Rubín pour lui donner la lettre à en-tête que nous avons finie le matin même et pour laquelle j'ai fait une traduction rapide en espagnol. Nous échangeons, son parcours, le mien... Très sympa. A la base, c'est une agence de communication qu'elle a avec un associé et qui s'est ouvert à la production locale de musiciens populaires. Ce sera la première tentative en Europe.
Je vais chez Carlos Ferrio, l'adorable luthier. J'ai oublié mon enregistreur mais il commence à me raconter pas mal de choses que j'oublie immédiatement malheureusement. Il me montre un bandonéon qu'il a entièrement rénové et qui "répond" formidablement bien à la moindre sollicitation. Un plaisir ! Même si je ne suis pas forcément capable d'en évaluer toute les saveurs et possibles. Il me montre un article sur le nouveau bandonéon AZ et m'en parle pour l'avoir vu et vu sa construction, il est effaré du manque de connaissance du fabricant... Quel dommage ! Il m'invite à déjeuner dans sa cantine habituelle où nous avions été il y a deux ans avec Néstor Marconi. Je récupère ensuite un bandonéon d'étude qu'il me prête gentiment, le regardant s'éloigner avec moi sous la pluie naissance. Puis c'est un déluge impressionant, juste après que j'arrive trempée, avec le bandonéon sur le dos et plus tard Christian, qui a fait 5 kms avec son vélo à côté parce que les pignons ont déconné. Il est mort !

Depuis l'appartement, nous ne voyons pas directement les dégats mais quelques photos et certaines rues, ponts et métros coupés en diront plus long.

Je rechigne un peu à repartir après la pluie, ayant déjà décalé mon rendez-vous avec Gabriel Menendez. Après 15' d'attente du métro à la connexion, je me rends compte que je l'ai pris dans l'autre sens... Je reviens et sors de la bouche du métro à Callao et rentre dans le premier bar pensant que c'était le bon. Et non ! J'arrive finalement à 18h au Café l'Opéra, Callao y Corrientes. Nous papotons avec Gabriel, essentiellement sur le casting qu'il a fait passer, des chanteurs actuels, des musiciens de son dernier album, notamment le quartet Caburé dont le pianiste n'est autre que le propriétaire du Vinilo Café. Nous allons ensuite écouter Maria Estela Monti à 19h avec un super quintet : Nicolas Guerschberg au piano, Daniel Ruggiero au bandonéon... dans le hall du Teatro San Martin avec un son archi-pourri. Je ne risque pas de comprendre rien aux paroles... Oblivion sera chanté en espagnol. Raimundo Rosales est également présent, lira deux textes, dont son "esos hombres" qui me plaît beaucoup.
Je rentre à l'appart en métro et nous repartons avec Christian en colectivo pour le CAFF où la Fernandez Fierro présente son 6ème album. Le lieu plaît immédiatement à Christian, moins à moi mais ça a du charme et le côté "tout fait à la main" qui plaît. Nous partagerons notre table avec deux autres invités dont nous ne saurons rien. Maria Zago vient nous saluer deux minutes avant le concert. Durant tout le concert, j'avoue que l'énergie caractéristique m'agace au fur et à mesure, comme systématique, avec la sensation que c'est le même morceau tout du long et qu'ils commencent à se répéter les garçons. Un peu différent au moment du chant, bien sûr mais bon. Pas convaincue la fille, malgré l'énergie colossale. Le Ministro m'agace souverainement à en faire des tonnes, la caricature de lui-même. De beaux moments tout de même. Christian a adoré l'énergie, ça lui a donné envie de danser !
Comme le concert a du commencer pas loin de minuit donc il est déjà tard (ça c'est bien une réaction de française qui n'a pas encore que Buenos Aires ne dort jamais !). Nous cherchons Maria; la fille à l'entrée est alpaguée par nos voisins de table et on ne risque pas de lui acheter des disques. Je vois Julio, lui parle un peu, je suis de Toulouse... Une possibilité de revenir à Toulouse : Ah bon, ce sera mon anniversaire. Ni enthousiasme, ni connaissance d'ailleurs. Maria apparaît, nous demande ce qu'on en a pensé : super pêche ! Plus radical que les précédents. Elle nous offre 3 Cds, pendant que Christian essaie à même la peau et achète un tee-shirt de la Fierro ! Maria, c'est elle qui a hébergé hier soir Gerardo di Giusto, le monde est petit ! Et elle a de la famille à Toulouse. Dingue, non ! Bon voilà, on verra le reste via email (dates possibles, cachet vu à la baisse). On rentre en colectivo, même si j'ai fait rater le précédent pour ne pas vouloir traverser Corrientes en courant.

Je dors, comme chaque soir depuis mon arrivée ici, comme un loir. D'un seul bloc !

Samedi 14/11

Je vais à la Sadem en métro, j'arrive légèrement en retard au séminaire de Patricia Barone. Entre histoire du tango chanté et extraits, je me régale... Je découvre mais je me rassure aussi avec ce que je connais. J'aime la façon dont elle nous fait découvrir les choses, avec une fraîcheur, un enthousiasme, une exigence qui me plaisent énormément. Belle rencontre. Je rends le CD à Liliana Manski avec la piste de Chiquilin de Bachin dans ma tonalité.

Je rentre en métro assez tard, vers 21h à Constitución et je ressors avec Christian pour notre voisin, le Torquato Tasso. Bettina, ma copine bandonéoniste allemande avec qui j'ai joué à Tarbes est là déjà. Nous la rejoignons à sa table. Luis Tarantino nous ayant trouvé 2 invitations, nous économisons 160 pesos quand même. Nous mangeons mais déjà le Quinteto Real démarre, juste après avoir salué Esteban Falabella. Je suis suspendue à la musique, écoutant toutes oreilles dehors, ce son, admirant Ubaldo de Lío qui joue depuis 40 ans ce même répertoire et Carlos Corrales, souriant souvent. Du bonheur en grand ! Quand j'y pense, cette chance d'être là, les larmes me montent aux yeux. Je suis dans un rêve. Puis le Sexteto Mayor, avec Horacio Romo et Lautaro Greco aux bandonéons et surtout nos deux violonistes chouchou, toujours là, jouant aussi depuis plus de 35 ans dans ce groupe. Qu'ont-ils en tête ? Ils ne semblent pas en avoir marre et pourtant, on ne doit pas pouvoir leur en raconter. Qu'ont-ils vécu avec tant de tournées internationales ?
Surprise, avec ces deux groupes monstres et la réunion finale, Oscar Giunta, remplaçant ce soir dans le Quinteto Real vient me saluer. Il a des problèmes de pression. Bettina s'en va et nous restons pour écouter Yotivenco (conventillo à l'envers) avec Rodrigo de la Serna. Ambiance bon enfant, très bavard, déroutant, guitares, percu et parfois bandonéon. De superbes milongas, très festif. Nous quittons le lieu, débordant de musiques.

Dimanche : Je ne vois pas la matinée passer, que je dois déjà, après avoir déjeuné avec Christian, rejoindre vers 15h Pauline Nogues à quelques cuadras d'ici sur Defensa. Très contente de voir la jolie blondinette de Pau, avec son chéri en cuisine, je me libère donc du poids de mon plus gros paquet, qu'elle n'ouvrira qu'après mon départ. Nous restons à papoter, la plupart du temps en français puis quand Jona nous rejoint, nous enchainons en français. On se raconte chacune nos parcours ces derniers mois. Elle, les délires de Pablo, les déménagements, qu'elle a cessé de jouer du classique pour se dédier entièrement au tango puisqu'elle a écrit ses propres arrangements et qu'elle vient de monter une Tipica dont le nom se cherche encore, avec Aude la française au bandonéon et aussi une danoise. Le reste de l'équipe est masculine et argentine. Elle me demande plein de conseils car elle veut aller en France avec Jona l'été prochain, pour voir sa sœur qui aura accouché mais aussi pour rentabiliser le voyage en jouant ici et là. Elle a déjà écrit à Gerry mais je lui dis que c'est sans doute trop tard. Je lui donne des idées et lui enverrais des emails ensuite.

Je n'ai plus trop l'envie d'aller à l'Espacio Eclectico pour la discussion sur "hacer cultura" suivi du concert de Juan Vattuone. Je rentre donc à l'appart, contente d'avoir échangé avec cette sacrée Pauline divine.

Lundi
Grâce à Christian, je vais en colectivo mais il est détourné. J'arrive quand même très en avance à l'Académie du Tango pour l'hommage à Pepe Libertella à l'occasion de la sortie de deux albums d'inédits compilés. Tous les vieux habitués sont là.
Un homme âgé (ils le sont presque tous) me donne un plan de Buenos Aires, une revue. Gabriel Soria prépare les vidéos et le son est tellement pourri que je ne comprends rien de ce qui se dit ou quasiment. Je prends des notes pendant l'échange. Quelques photos sans lumière. Essentiellement des témoignages directs et souvent anecdotiques des deux violonistes, de deux des trois enfants de Pepe, de Hector Lettera puis Horacio Romo qui a repris le flambeau du Sexteto Mayor et jouera deux thèmes de Pepe avec le bandonéon de celui-ci. Quelques vidéos et l'écoute de thèmes clôturent cet hommage où la générosité et l'énergie colossale du bonhomme ressortent. Et comme on est à Buenos Aires, quand je se retourne, j'y croise Héctor Negro ou Eugenio Mandrini, deux immenses poètes que je salue. Puis je vais au fond de la grande salle du salon de los Angelitos pour y saluer Walter Piazza avec lequel je parle un bon moment.
Je vais à pied, à quelques cuadras de là et j'arrive en retard pour le dîner chez Hayrabet Alacahan qui a perdu un cousin et ça lui a fait comme si tous les morts de sa famille notamment un frère et un père étaient mort d'un coup. Il me raconte son projet de livre en 3 volumes dans un coffret de filmographies de plus de 5.500 réalisateurs, avec en priorité ceux qui ne sont pas connus. Il me raconte la rencontre étonnante avec les deux filles d'un réalisateur hongrois !
Je rentre en colectivo, avec le 10. Hayrabet attendra avec moi et nous observons les cartoneros faire calmement leur besogne.
Je rentre en colectivo, comme une grande.

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